Résumé
Philippe Danan a pu étudier les Destins de séfarades ottomans grâce aux 2470 dossiers du Centre des Archives diplomatiques, qui rassemblent plus de 16000 documents très divers (lettres manuscrites, permis de séjour, photographies, documents commerciaux…).
Avec les quelques 1000 patronymes décomptés par l’auteur, ils se révèlent comme une source de premier plan pour les généalogistes.
Préface d'Edgar Morin
En 1914, au moment où la France entre en guerre, 8 000 sujets ottomans israélites s’y trouvent installés, pour la plupart depuis peu de temps. Dès le début du conflit, les lois sur la surveillance des étrangers sont renforcées, visant en particulier les ressortissants des pays ennemis. Ceux-ci sont soumis à toutes sortes de contraintes administratives : obligation d’effectuer une déclaration de résidence, de faire établir des papiers d’identité en règle, de solliciter des autorisations pour leurs déplacements, même pour des distances et des durées très courtes.
Chacune de ces demandes donne lieu à l’ouverture d’un dossier individuel, enrichi au fil des correspondances. Ces 2470 dossiers du Centre des Archives diplomatiques, constituent la source principale de cet ouvrage de Philippe Danan. Exploités pour la 1 ère fois dans le cadre d’une étude historique, ils rassemblent plus de 16000 documents très divers : lettres manuscrites, permis de séjour, attestations, sauf-conduits, photographies, demandes de naturalisation, passeports, certificats de nationalité, documents commerciaux, etc.
Ainsi découvrons-nous ces « Israélites du Levant » établis en France, minorité discrète et fort peu connue, dont l’administration française peine d’ailleurs à définir clairement le statut : se pose, entre autres, la question alors cruciale de leur nationalité, certains d’entre eux provenant des nouvelles nations issues de la décomposition de l’Empire ottoman, elle-même accélérée par les toutes récentes guerres balkaniques.
Au-delà des tracasseries administratives, ces dossiers nous donnent un excellent aperçu sociologique et culturel de cette communauté judéo-espagnole établie en France au début du 20 e siècle. Avec les quelques 1000 patronymes décomptés par l’auteur, ils se révèlent comme une source de premier plan pour les généalogistes.