Salonique - Registres de la Communauté Juive - Naissances & mariages

Dernière mise à jour le 20 mars 2023 (glossaire des métiers judéo-espagnols)

CONTEXTE

Au début du XXème siècle, la ville de Salonique fait partie de l’empire ottoman et compte environ 100 000 habitants dont 48 000 Juifs.

Le système administratif de l’empire ottoman accordait des droits et des devoirs à toutes les communautés religieuses, chrétiennes, juives et musulmanes. Les communautés chrétiennes et juives – minoritaires au sein de l’empire – avaient le statut de Dhimmis (protégés).  Chaque communauté été considérée comme un « millet », une nation à part. Elle avait ses propres écoles, hôpitaux et services médicaux, orphelinats, logements et services d’assistance pour les nécessiteux et les personnes âgées. Elle disposait de sa propre police, ses tribunaux et prisons et collectait également pour le compte du gouvernement ottoman les impôts et les taxes dus par ses membres. Chaque personne devait se faire enregistrer au sein de sa communauté et recevait un certificat qui lui servait de carte d’identité ou de passeport pour ses déplacements dans l’empire.

Chaque communauté tenait donc des registres des naissances, mariages et décès de ses membres. Les registres de la Communauté Juive étaient manuscrits en Judéo-espagnol, en utilisant la graphie solitréo, la cursive sépharade de l’alphabet hébraïque qui est différente de la cursive ashkénaze utilisée aujourd’hui pour écrire l’hébreu moderne.

 

 

 

Registre de mariages

 

La tenue des registres d’état civil par la Communauté Juive a continué aussi après l’incorporation de Salonique à la Grèce en novembre 1912 et cela jusqu’en 1982 année de la reconnaissance du mariage civil par la Grèce.

Le samedi 18 août 1917 vers 15 heures le centre de Salonique est ravagé par un énorme incendie et les différents quartiers de la ville basse où vivait une majorité de Juifs furent gravement touchés. Parmi les bâtiments incendiés figurent le siège du Grand Rabbin et ses archives et 16 des 33 synagogues. Des milliers de documents communautaires disparurent dans l’incendie [2].

Notons que le registre des migrants établi dans le cadre du recensement ottoman de 1905, n’a pas brûlé et se trouve maintenant au Musée Juif de Salonique.

Très vite après l’incendie de 1917 la Communauté effectua un recensement de toute la population juive.  Ce recensement donna lieu à 24 volumes de 200-300 feuillets, et a été utilisé par la suite comme registre des familles en y consignant les événements familiaux postérieurs au recensement. En même temps, la Communauté reprit la tenue des registres des naissances, mariages et décès. Au delà de ces registres, des milliers d’autres documents ont été produits par l’administration de la Communauté dans le cadre de ses services publics.

La tenue des registres se poursuivit jusqu'en 1941, date à laquelle les nazis confisquèrent tous les archives de la Communauté et les transférèrent en Allemagne dans l'objectif d'enrichir le ‘Musée de la race disparue’ qu’ils voulaient créer.

En 1945, à la fin de la guerre, les Russes ont récupéré une grande partie des archives, en les conservant à Moscou. Le Musée de l’Holocauste à Washington numérisa une partie de ces archives. Des archives retrouvées par l’armée américaine ont été envoyées à New-York.

Dans les années 1965-1970, des documents retrouvés à Salonique furent transférés à l’Institut Ben Zvi, à Jérusalem.

En 2006, M. Devin NAAR – aujourd’hui professeur à l’Université de Washington et spécialiste du judéo espagnol – établit le catalogue des documents et d’un registre qui ‘dormaient’ à Salonique.  Il s’agit du registre des migrants de 1905.

M. Izo ABRAM a entrepris la translittération en caractères latins de ces registres. Chaque volume terminé est déposé aux Archives de la Communauté Juive de Salonique. Il s’agit des documents suivants :

1. Registre des migrants 1905 : un volume de 80 pages recensant 1465 personnes regroupées par famille venant de 63 villes et exerçant 105 métiers différents.

2. Recensement de 1917-1918 : 24 volumes de 200-300 feuillets, utilisés par la suite comme registre des familles jusqu’à leur confiscation par les Nazis en 1941. Parmi ces 24 volumes seuls 7 volumes ont été identifiés à ce jour et 3 d’entre eux ont été translittérés.

3. Registre des mariages 1917-1941 : 2 volumes se trouvant à Moscou ; le Musée de l’Holocauste à Washington dispose des microfilms. Ils couvrent la période du 13/8/1917 au 24/6/1941.

4. Registre des naissances 1917-1941 : 4 volumes, couvrant la période 1917 – 1941. Toutefois, les volumes 1 et 4 n’ont pas été retrouvés. Les volumes 2 et 3 (couvrant la période 1924 – 1939) se trouvent à Moscou ; le Musée de l’Holocauste à Washington dispose des microfilms.

 

PERIMETRE ACTUEL DES DONNÉES

M. Izo ABRAM a bien voulu confier gracieusement au CGJ les résultats de son travail. Nous avons ainsi les documents suivants :

  1. Registres des naissances 1924 à 1939 (registres retrouvés) : 10 265 naissances ==>    V1 : 20 mars 2022 - V2 : 18 août 2022   
     
  2. Registres des mariages 1917-1941 : 10 011 mariages ==>    V1 : 18 août 2022

 

Présentation de la baseAccès direct au relevé (réservé aux adhérents)

Afin de respecter les règles du RGPD, les informations contenues dans ces documents sont accessibles, pour les seuls adhérents du CGJ, sur le site, dans le sous-menu Ressources > Base de données > REGIE.

 

Le glossaire des mots et expressions judéo-espagnols que vous trouvez dans cette base de données est également consultable directement (réservé aux adhérents).

Le glossaire des métiers judéo-espagnols (dernière mise à jour le 20 mars 2023) que vous trouvez dans cette base de données est également consultable directement (réservé aux adhérents). 

Rappel : le 21 mars 2022,  M. Izo Abram nous avait présenté  « Les registres de la Communauté Juive de Salonique » devant une salle pleine : voir la vidéo de sa conférence.

 

► Les noms de famille entre crochets [xx] sont des corrections faites après constat d’une erreur dans le nom qui apparait réellement dans le registre. Le nom corrigé est entre crochets. Les noms entre parenthèses reflètent la transcription exacte de ce qu’il y a dans l’original. Parfois c’est une correction, et parfois un nom alternatif. Nous avons choisi de les laisser tels quels.

Il faut noter que l’instauration d’un nom de famille inéchangeable et transmissible de génération en génération selon la lignée masculine n’a été fait en Grèce que par une loi de 1914. Par conséquent, souvent les gens donnaient le prénom de leur père comme nom de famille (parce c’est comme ça qu’ils étaient connus) et quelques années plus tard, ils le changeaient.

Concernant les noms de famille Perahia et Ben Ardut, ils étaient considérés comme des Koen, et pour cela leur nom de famille est souvent composite (Koen Perahia et Koen Ben Ardut).

► En hébreu et en judéo-espagnol, on utilise souvent les 3 derniers chiffres de l'année aussi bien dans le calendrier hébraique (679 -> 5679) que dans le calendrier occidental (931->1931). Comme pour les noms entre crochets, nous avons choisi de les laisser tels quels sauf dans les rubriques de type Dates et Années.

► A chaque fois qu'on voit "Bat Avraam Avinu" - i.e. "fille de Abraham notre père" - pour le nom du père, cela veut dire que la personne est convertie.

Pour tout renseignement complémentaire sur cette base de données, une seule adresse électronique : salonique@genealoj.org

 

[1] : https://www.ushmm.org/fr

[2] : https://fr.wikipedia.org/wiki/Incendie_de_Thessalonique