Dans son acception originelle, le terme "martyr" désigne une personne qui va jusqu'à se laisser tuer en témoignage de sa foi plutôt que d'abjurer. Ce fut le cas de nombreux "saints" (ayant fait l'objet d'une procédure de canonisation) catholiques, tout comme des "hérétiques" (juifs, cathares, etc.) montés sur les bûchers de l'inquisition catholique, et bien d'autres victimes de l'intolérance religieuse.
De manière extensive, la tradition juive qualifie de "martyr" tout juif ayant péri d'une mort violente infligée par un non-juif : cela va des juifs (auquel on n'avait nullement demandé d'abjurer leur foi) brûlés à Strasbourg au Moyen Age parce qu'ils étaient accusés d'avoir propagé la peste aux victimes (parfois non pratiquantes, voire athées) de la Shoah, en passant par le cas précité de Raphaël Levy (condamné, à tort et parce qu'il était juif, mais pour meurtre et non pour avoir été juif) et celui de simples colporteurs tués par des bandits de grand chemin.
S'agissant d'Eliezer Halphen, Pascal Faustini relève certes qu'il est qualifié de "martyr" dans les notices nécrologiques de ses enfants (Mb 422, 632, 649 et 863). Mais c'est sans doute par abus de langage puisque la propre notice de l'intéressé (Mb 174) ne laisse nullement présumer une mort violente :
"Le saint, juste et généreux rabbin Eliézer, fils du Haver Juda Halphen, car il étudia la Loi, fréquenta la synagogue matin et soir, pria avec dévotion et fut très hospitalier. Sa femme fit un don à la charité pour lui. Décédé et inhumé le jeudi 4 Eloul 409 (13-8-1649)."