Fortunée Abignoli a été arrêtée à Marseille le 24 janvier 1943, lors des rafles qui précédèrent la destruction du Vieux-Port par les Allemands. Conduite à Compiègne, puis à Drancy, elle a été déportée et assassinée à Sobibor deux mois plus tard.

Longtemps Julien Colet, son arrière-petit-fils, n’avait fait qu’effleurer l’histoire de cette ancêtre, dont la vie se résumait presque pour lui à une sèche formule : « morte en déportation ». Jusqu’à un jour de 2016 où le besoin lui vint « d’éclaircir la tragédie de Fortunée et d’affiner les contours de son ombre ».

En résulte ce livre, où l’auteur interroge la mémoire familiale, tout en la confrontant avec des sources d’archives variées. Désireux de savoir ce qui avait été transmis de l’histoire de Fortunée à ses descendants, Julien Colet en a recueilli des « récits différenciés », qui lui ont révélé « le cheminement tortueux de la transmission d’un traumatisme au sein d’une famille » : un traumatisme qui est en fait davantage un silence et un oubli.