La communauté juive du Maroc, dont l’histoire est trois fois millénaire, a toujours fait partie intégrante de la population marocaine. Elle a laissé des traces indélébiles dans l’histoire et la mémoire du pays.

Le cas de la communauté juive d’El-Jadida-Mazagan est l’exemple type de ce qu’a été la vie juive des villes océanes du Maroc, cités ouvertes et cosmopolites, comme Essaouira ou Safi.

El-Jadida comptait 4.500 juifs lors de la Deuxième Guerre mondiale. Depuis la fin du Protectorat, une conjoncture impitoyable l’a réduite comme peau de chagrin à trois ou quatre personnes aujourd’hui.

Il en résulte une frustration de part et d’autre : des musulmans sont amputés d’une sensibilité culturelle juive qui faisait partie de leur identité  et des juifs de la diaspora sont nostalgiques, à tout jamais, de leur vie mazaganaise d’antan.

Néanmoins, cette disparition ne signifie pas absence : les liens n’ont jamais cessé, le souvenir d’un vivre ensemble, hélas disparu, reste vivace et la mémoire transmise demeure toujours aussi forte.

Mustapha Jmahri, journaliste de formation, écrivain marocain, est l’auteur-éditeur des cahiers d’El-Jadida. Il a publié une vingtaine de travaux sur la mémoire plurielle de sa cité dont son ouvrage sur l’histoire de la communauté juive d’El-Jadida (deux éditions). Il a également publié chez l’Harmattan à Paris des ouvrages de littérature.