Cimetière de Niedervisse (57220)

Arrondissement et canton de Boulay-Moselle. Niedervisse est un petit village rural situé à 6 km et au sud-est de Boulay-Moselle sur un embranchement de la route départementale 25.

Situation
Ce cimetière est situé dans la campagne en dehors du village.
En partant de la mairie (à l’extrémité de la «rue des Juifs »), contourner l’église par la gauche et monter jusqu’à la D73. La prendre à gauche puis, à la fourche, prendre, encore à gauche la route de Coume.  Le cimetière est tout de suite à droite, entouré de murs (environ à 100 mètres de l’église).
La clef de la porte d’entrée est à la mairie.

Stationnement
Stationner devant l’église.

Auteur(s): 

Jean-Pierre et Huguette BERNARD

Nombre d'enregistrements: 

50

Histoire

Géré par le Consistoire, il daterait de la fin du 18ème siècle.

L’ existence de ce cimetière s’explique par l’importance de la population juive qui formait, en 1880, le tiers de la population totale du village.
Il est  cadastré section 4, plan 5, parcelles 4, 5 et 6 lieu-dit Schlangenstuck pour une superficie de 7,80 ares.
Encore utilisé pour les inhumations, la dernière tombe est de 1968.
Seule la communauté de Niedervisse l’aurait utilisé.
Après la guerre de 1939-1945 le mur d’enceinte qui était effondré a été réparé.

LE CIMETIERE, LES TOMBES ET LES EPITAPHES.
La création du cimetière semble remonter au 18ème siècle ; le livre-terrier de 1730 nous apprend que sur la « partie abbaye-évêché du village se trouvaient la rue des juifs, la synagogue et le cimetière ».  Il se situe comme le veut la tradition juive un peu à l’écart du village sur le chemin de Bisten.  Ce petit cimetière entouré d’un mur de pierres recouvert de tuiles offre une impression de calme et de sérénité.  Il a témoigné de la volonté des juifs du village de s’enraciner dans ce paysage rural au milieu des champs, des arbres et des herbes folles.
La majorité des pierres tombales du cimetière sont des stèles levées en calcaire de dimensions moyennes : les plus hautes mesurent entre 1,60 m et 2,20 m et les plus larges 0,65 m.  Les tombes alignées sur dix rangs sont en calcaire pour les humbles.   Les familles les plus considérées ont des stèles plus hautes avec davantage de décoration où le marbre côtoie le calcaire.  Les tombes des enfants en bas âge sont généralement disposées à l’écart.  Ce sont de petites stèles où l’épitaphe est le plus souvent réduite au nom et à la date du décès à l’exception de la tombe de Robert CERF (1896-1898), le fils d’Alfred et de Minette CERF et de celle d’Arlette Mayer.
Bien des tombes du cimetière sont jumelles avec deux époux côte à côte : Caroline BRISAC et Cerf, Abraham CERF.
La stèle de Cerf Abraham CERF de 2,20 m de haut est un monument funéraire où l’épitaphe en hébreu et en français est inscrite dans le marbre.  Cette tombe repose sur un soubassement massif placé dans un petit enclos délimité par une galerie en fer forgé.  Né à Niedervisse en 1821, il est fils du marchand de bestiaux Abraham CERF et de Félicie JOSEPH des Etangs.  Ainé d’une famille de onze enfants, il embrasse comme son père la carrière de marchand de bestiaux.  Il épouse Caroline BRISAC de Monneren, la fille d’un autre marchand de bestiaux !  De leur union vont naître quatre enfants : Joseph, Julie, Moïse et Pauline.  Il fut, comme la stèle l’indique, Président de la communauté juive de Niedervisse pendant quarante ans.  Il fut aussi membre du Conseil Municipal et décéda le 14 mars 1898 dans sa 77e année.
Voici ce que nous lisons sur la stèle de Mayer MAYER : « ici repose un homme juste et intègre dans tous ses actes.  Il s’agit de Méir, fils de Juda.  Il est mort avec un bon renom le vendredi 26 ‘Heshvan 686 du petit comput.  Puisse son âme être liée au faisceau des vivants ».  Cette dernière eulogie inspirée par I Samuel 25.29 se trouve sur la plupart des tombes du cimetière.  Sa rédaction la plus complète est ainsi formulée : « tehi nafsho zerura ha - ‘hayim im shear zadikim ve - zadaaniot she - began Eden : que son âme soit réunie au faisceau des vivants avec tous les justes, hommes et femmes, qui se trouvent dans le jardin d’Eden ». D’une femme on dit qu’elle est une femme vaillante, une « eshet ‘hayil » avec tout ce que ce terme renferme de louanges et de proclamation de sa perfection puisées dans le livre des proverbes 31, 10 à 31.   Il en est ainsi de Mélanie MAYER née à Niedervisse le 21 juillet 1856.  Elle est la fille d’Isaac CERF, marchand de bestiaux et de Julie MAYER.  De son mariage en 1878 avec Jacob MAYER, marchand de bestiaux et aubergiste à Niedervisse sont nés cinq enfants : Léon, Ferdinande, Ermance et Bernard.  Elle est décédée le 27 juillet 1914.  Sa tombe est une très jolie stèle avec de part et d’autre de l’épitaphe, deux colonnes aux chapiteaux ioniques surmontées d’une coupole avec motifs géométriques variés à l’intérieur de laquelle se niche une fleur avec ses pétales.  La traduction du discours épigraphique hébraïque est la suivante : ici repose une femme vaillante, craignant l’éternel, dame Malka femme de Jacob MAYER.  Elle s’en fut le premier jour de la néomie d’Av 677 (du petit comput).  Que son âme soit réunie au faisceau des vivants.
Le discours épigraphique des autres tombes du cimetière est dans l’ensemble assez bref.  La partie en hébreu de la stèle indique des titres communautaires (« Président de la communauté » pour Cerf Abraham CERF, Jacob MAYER...) et des commentaires laudatifs : « il s’en fut avec un bon renom » pour Aron CERF (1828-1910) ; « pieux dans toutes ses actions » pour Nathan MAYER (1841-1923) ; « homme intègre et droit pour Simon LION (1830-1906) ; « homme sincère et juste, servant l’éternel tous les jours de son existence » pour Ouri CERF (1831-1897)...Les commentaires pour les femmes s’articulent de la façon suivante : « une femme vaillante qui s’en fut avec un bon renom » pour Rachel LION née MICHEL épouse de Simon LION ; « une femme juste » pour Françoise HANAU épouse de Maurice CERF décédée le 19 janvier 1928 à 52 ans ; « une femme estimée et précieuse » pour Gotton CERF née MAYER le 29 janvier 1827 à Longeville-lès-Saint-Avold et décédée en 1904 à l ‘âge de 77 ans ; « une femme juste et gracieuse » pour Sarah WORMS épouse de Mayer MAYER décédée le 9 avril 1920 à l’âge de 64 ans.

Voici la traduction du discours épigraphique hébraïque de la tombe d’Aron CERF : « ici repose Aron fils d’Abraham qui fut réuni à son peuple et qui  s’en fut avec un bon renom le 4 Tischri 671 (du petit comput).  Que son âme soit réunie au faisceau des vivants ». Fils d’Abraham CERF et de Félicie MOYSE, il épousa en 1859 Rose ISRAËL de Vaudreching dont il eut deux enfants, Ernest et Jeannette.

Jean DALTROFF, Les juifs de Niedervisse ; Naissance, épanouissement et déclin d’une communauté,1992, pp 75 à 81. 

Etat

Peu entretenu mais relativement propre.

RELEVE DU CIMETIERE LE 17 MAI 1996 PAR Jean-Pierre ET Huguette BERNARD

Vu l’état d’entretien du cimetière et la disposition des tombes, il n’a pas été possible d’établir un plan précis de la disposition. Mais le cimetière est petit et la recherche en sera facilitée.